Sololá : Lac Atitlán

Le Lac Atitlán est notre dernière étape du Guatemala, nous avions gardé l’encensé « plus beau lac du monde » pour la fin.

Prisé par les routards et insécurisé par endroits, choisir son point de chute et son chemin pour descendre à Atitlán nécessite déjà son petit travail de recherche pour ne pas se louper. Plusieurs options s’offrent aux voyageurs qui veulent arpenter ses rivages :

  • Descendre par le sud à condition d’être escorté par la police ou l’armée
  • S’établir à Panajachel, avec ses nombreux touristes et circuler en lancha sur l’intérieur du lac
  • Opter pour un camping vers San Marcos ou San Pedro et séjourner entre yoga, thérapie zen, fumette, restaurant vegan, bars branchés, et hôtels chics.
  • Repérer un petit village traditionnel et bien placé sur le lac

Pour bien faire, des voyageurs installés pour un mois sur un Airbnb à San Juan la Laguna nous invitent à les rejoindre. C’est un parfait petit village pittoresque avec une forte culture Maya. Un petit hôtel tout près de leur logement et repéré par nos copains de la veille nous attend déjà pour une petite semaine dans le village. Est même déjà installé une autre famille de français, Aurélie, Jérémy, et leurs deux gars, résidents au Canada et voyageant au long cours. Franchement, je me répète, mais jamais nous n’aurions imaginé être autant sur les routes !  Il existe en plus une réalité assez troublante : sans s’être vu, tout le monde se connaît déjà soit par le réseau des copains de route, les bons plans ou les photos partagés sur les réseaux sociaux.

Ce point de chute sur San Juan la Laguna est parfait pour nous. Le van trouve sa place au bord d’un gazon vert avec four à pizza et jus frais sur place. Les propriétaires nous mettent même à disposition la salle de bain d’une chambre non occupée. Habitués à ce type de spot, nous ne sommes même plus surpris de cuisiner dehors notre popote alors que nous sommes sur le terrain d’un hôtel-restaurant ! Et c’est à peine si la famille accepte une rétribution pour le temps passé sur leur terrain. Une gentillesse toute guatémaltèque.

Lago de Atitlán : Lac sacré des Indiens Mayas

Situé à 1550m d’altitude et surplombé par trois imposants volcans, le lac se mérite par ses innombrables lacets à la verticale qui font perdre en une volée de minutes 1000m d’altitude. Certains y perdent leurs freins ou doivent s’arrêter refroidir les plaquettes. Le van et son pilote doivent être habitués aux routes montagneuses, puisqu’il descendra sans encombre cette route vertigineuse.

La lac Atitlán occupe une caldeira crée par une éruption vieille de 84 000 ans. A ne pas s’y tromper, l’eau du lac est étonnamment bleue translucide mais ici il n’y a aucune arrivée d’eau naturelle à part les pluies et les déjections… Sans aucune évacuation, le niveau du lac monte régulièrement jusqu’à engloutir des habitations en bord de rivage. Il paraitrait même qu’une cité Maya fut découverte à 17m de profondeur…

Les différentes ethnies indiennes qui habitent le lac vivent de l’agriculture, principalement le café. Les femmes Maya sont facilement reconnaissables avec leurs chemisiers colorés et une large ceinture qui vient serrer une longue jupe noire. La religion est pratiquée avec ferveur et certains soirs nous entendons les chants depuis les églises voisines. La bible est criée au mégaphone et quelques sous viennent rémunérer le pèlerin à la parole de prophète. Et si lac se prête tant au tourisme « zen », c’est que les traditions Mayas flirtent avec des pratiques chamaniques. Nous n’aurons pas testé, les filles ont préféré s’essayer à une autre tradition, celle du tissage. Le village de San Juan est connu pour ses tissages fait de coton teint à partir d’élément 100% naturel. Plusieurs femmes proposent de former à la confection d’écharpe pendant une après-midi. Avec Lyla et Angeliqua, les filles feront preuve de patience et de motivation pour tisser elles-mêmes leurs propres écharpes. Depuis, qu’il fasse beau ou frais, elles trouvent toujours un moyen de les porter d’une façon ou d’une autre !

Indian noze

Depuis, San Juan la Laguna il est facile d’accéder à un joli point de vue par un sentier pentu sans ombre. Une vraie partie de plaisir pour apprécier un panorama exceptionnel sur le lac et visiter la ville de Santa Clara.

Partis assez tardivement dans la matinée, nous engageons la marche sous un soleil caniculaire et une bouche asséchée par la poussière qui nous entoure. Dire que l’on croise des hommes portant sur leur front des kg de bois servant à alimenter les foyers de cuisson…

Une fois là haut sur le nez de l’Indien, et après avoir erré sur de long détour pour viser le village de Santa Clara, nous décidons de trouver un tuk-tuk pour nous ramener sur les rives du lac ! Sur ces routes sinueuses, se balader en tuk-tuk c’est comme jouer à super mario Kart ! Et c’est bien plus fun que de s’assécher au soleil. Les courbatures de l’Acatenengo sont encore présentes et la fraicheur des soirées Guatémaltèses nous a encombré le nez. Il n’en faut pas plus pour rendre cette randonnée  de l’Indian Noze en torture !! Les nombreux déchets qui jonchent le sol, notamment au abord de Santa Clara aident encore moins à apprécier pleinement la randonnée. Le lac est une cuvette, il n’y a aucune arrivée d’eau, aucune sortie naturelle, uniquement des eaux usées qui traversent des champs de déchets. Sacs plastiques recouvrant même les champs de café. A croire que c’est un nouveau type de compost…  Bref, tout se mélange pour créer un équilibre précaire et une écologie désastreuse sur un lac si beau.

Vis ma vie de sédentaire

L’hôtel où nous sommes installés est une sorte de QG d’où s’improvisent apéros, soirées pizzas et classe pour les enfants. La visite du lac est rendue hyper facile par le balai de lancha collective qui relient les villages entre eux. Parfait moyen de découvrir la vie locale qui s’anime sur les bords du lac. Le Xocomil ne nous aura pas épargné une traversée tranquille sur les eaux du lac, bien au contraire. Ce vent fort nous a mouillé jusqu’au slip ! A San Marco, sans accrocher au village, la vue sur les volcans Atitlán, San Pedro et Toliman vaut quand même le détour.

C’est vraiment depuis San Juan que nous apprécierons la vie lacustre sur Atitlán. Les femmes sont toutes en tenues traditionnelles, souriantes et accueillantes.

On s’y sent bien et se sédentariser pendant plusieurs jours accélère les petites habitudes. Avant de reprendre la route, la joyeuse tribu se réunit dans l’Airbnb des Nomades Family. Manu, Alexandre, Léya, Ewen et Lou nous convient à une tajine avant de reprendre la route vers le Canada. Les deux familles repartirons ensemble pour remonter le Mexique en un temps record. La nuit bien tombée, il nous faudra faire le mur à 8 pour regagner nos couchages sur le terrain de l’hôtel. Le propriétaire a juste oublié de nous laisser le portail ouvert.

Depuis deux nuits, comme une coulée de lave, les nombreuses flammes lèchent les flancs du San Pedro. La végétation est si sèche que les foyers ne s’estompent pas et aucun hélico aux alentours. Nous quitterons le lac sous des nuages de fumées sans savoir d’où proviennent ces incendies. Le lac d’Atitlán ne nous aura pas séduit mais enchanté par sa culture…

La sortie d’Atitlán marque la fin de notre périple guatémaltèque, nous serons de retour au Mexique, déjà… Le Guatemala représente notre concentré de tout ce que l’on a aimé vivre sur l’Amérique centrale : des volcans, des plages d’eau chaude, des rivières aux tons bleus, une culture forte, des ruines Mayas, une faune et de la jungle. Un pays qui s’arpente dans tous ses angles et éveille tous les sens. Et quels souvenirs nous emmenons avec nous !

Written by Cécile