Louisiana

Waouh… quel changement et quel coup de coeur !!

La Floride est maintenant derrière nous avec un petit pincement qui persiste sur la route. Ses plages, le calme… Nous sommes un peu cafardeux au départ de Pensacola, mais voilà, d’autres aventures nous attendent, c’est ça le voyage, un changement au quotidien !

Les autoroutes sont toutes surélevées, c’est comme un enchevêtrement de serpents bitumés au dessus des innombrables bayous. De l’eau partout !! De ci, de là persistent des cultures de cannes à sucre et de cotons largement irriguées par toute cette eau. Le fantôme de l’ouragan Katrina est encore très présent, et vu toute cette eau il est très facile d’imaginer à quel point les villes ont pu être si rapidement immergées par les inondations.

La Nouvelle-Orléans et ses bayous

Avant de se poser sur la Nouvelle-Orléans, nous faisons halte sur l’un des bayous du Mississippi afin de se frotter aux alligators du coin sur les fameux Airboat. Douche assurée dans les bayous, expérience originale et décoiffante sur ces bateaux assourdissants, mais pas un plaisir des yeux équivalent à celui du State Park de Wakulla Springs en Floride. Ceci dit, nous savons désormais qu’il est possible d’appâter un croco avec des marshmallows… blancs de préférence !

Fini de se prélasser sur le sable blanc, place maintenant au rythme endiablé de la Nouvelle-Orléans ! La rue de la soif sur Rennes peut aller se coucher, Bourbon Street est une véritable artère vivante du French Quarter. Le corps ne demande qu’à danser une bière à la main, mais mieux ne vaut pas trop oublier la présence des filles avec notamment la nécessité de détourner leurs yeux de certaines échoppes !

La ville bat à plein régime, jazz, créole, c’est intense et la musique est l’essence même de son identité. Les balcons en fer forgé habillent chaque maison et démarquent d’emblée un style propre et un charme authentique à la ville aux 5 drapeaux. Fontaines, cours privées, patios se dévoilent pour les plus curieux derrière les grilles ou en arrière boutique… La Nouvelle-Orléans nous a sorti de notre nostalgie Floridienne, que c’est bon de se laisser embarquer ainsi !

Tous les âges, styles, genres, se confondent dans cette ville latino-créole, les gamins rythment les pas à coup de tambours sur les sceaux de peinture ou de claquettes à base de canettes écrasées fixées sous leurs baskets. Ils sont sacrément bons et se démerdent à leur façon pour sortir un minimum vital face à une pauvreté criante. Ces enfants seuls interrogent les filles, c’est une nouvelle réalité qui s’impose à elle.

 

Tomy, québécois en voyage au long cours sur sa moto, nous interpelle en rentrant sur le parking du Visitor Center. Il s’arrange toujours pour trouver deux buissons haut et caler sa tente lors de ses passages en ville. Trop heureux de parler français à quelqu’un, nous le joindrons à nous au p’tit déjeuner.

Au matin, une surprise d’un nouveau genre nous remet vite les yeux en face des trous. De drôles de bruits nous surprennent, le temps d’émerger Rodolphe sort et s’aperçoit que les roues du van ont été scellées !! Celles de la moto de Tomy aussi d’ailleurs… Trop con que nous sommes, on a oublié de rallonger l’horodateur du seul parking payant que nous aurons fait aux Etats-unis ! Une connerie qui nous coutera 120$ quand même… Nous aurions presque préféré récolter une amende pour stationnement nocturne interdit. Ca ne rigole pas avec les ricains, tant que t’as pas payé, tu ne peux pas bouger, et aucune négociation n’est possible… juste à payer cash. Au final, quitte à payer une nuit aussi chère, on prend bien nos aises le matin tous ensemble pour un p’tit déjeuner à rallonge avant de repartir en visite. En pleine journée, la ville a perdu tout son attrait, le son endiablé de la veille est aujourd’hui remplacé par les moteurs des camions de livraisons et des lessiveuses de trottoirs. Nous prendrons la route des bayous en pays cajun (acadiens du sud des Etats-Unis) pour rejoindre Lafayette et le lac St Martin.

En pays Cajùn à Lafayette

En route, nous jouirons illégalement d’une entrée non payée dans un trop beau State Park à Morgan City pour faire la classe, petite amertume du matin qui persiste ! Et tant qu’à faire, nous en profiterons pour prendre une douche 😉

La Louisiane c’est aussi un bout d’Amérique francophone dans le pays Cajun où nous ferons une immersion sur quelques jours. Depuis notre passage au New Brunswick au Canada, nous avions envie d’aller plus loin dans la découverte de l’Acadie, un passage à Lafayette était donc incontournable ! L’Acadie était peuplée d’immigrants français jusqu’à l’arrivée des Anglais qui ont déportés les acadiens par bateau. C’est le fameux « Grand dérangement ». Beaucoup n’ont pas survécu, d’autres arrivèrent en France, et d’autres survivants s’installèrent dans les bayous de la Louisiane. Endroit hostile où personne n’avait encore élu domicile.

Les routes, maisons, villes reposent sur les marécages. Forcément la faune est présente avec, et comme tous ici, nous ne sommes même plus surpris de voir des alligators et des tortues nager dans ces eaux, ni même de dormir en leur compagnie. Côté francophone, ça ne parle quasiment pas français mais par contre l’emprunte créole est très marquée dans la cuisine.

La nature au Canada avait quelque chose qui nous rendait humble, ici c’est bien différent. Elle est tellement sauvage que c’est excitant. Et le Lac Martin en est un parfait échantillon. Nous sommes au coeur d’un savoureux cocktail de peur et d’excitation. En kayak dans les bayous du lac, nous glissons derrière les lents mouvements des alligators. Le silence aiguise nos sens et chaque coup de pagaie nous enfonce dans la faune sauvage. Le vieux bois flottant prend par moment des airs de crocos, on a vite fait de remonter les bras en criant ou accélérant à grand coup de bras pour doubler l’air de rien. Le Lac Martin est un vrai sanctuaire, il faisait parti de nos recherches paliatives aux Everglades. Et franchement, aucun regret de pas être descendu dans le sud de la Floride ! Le nord de l’Etat et la Louisiane suffisent largement à se dispenser de kilomètres supplémentaires.

Gospel… une émotion vive

Avant de viser le Texas où nous allons surement être plongé dans un nouvel univers, nous avions une dernière envie à satisfaire : participer à une messe Gospel et quoi de mieux que la Louisiane pour vivre une telle expérience. Pensez arriver incognito à une messe Gospel un dimanche matin à Lafayette, c’est faire preuve de méconnaissance… évidement comme un nez au milieu de la figure, nous sommes inratables ! 4 blancs en « flip-flop » au milieu d’une communauté noire endimanchée c’est déjà pas discret, et quand le Pasteur s’adresse à nous en nous demandant de se lever au milieu des 200 personnes de l’église, c’est fini tu es repéré !!

L’émotion ressentie dès notre arrivée sur le parking est forte. Chacune des personnes que l’on croise cherche à nous être utile, un sourire, une parole douce, une porte ouverte à un inconnu sans aucun rejet. Quand on sait la non réciproque avec la pression dans ces Etats confédérés… Bref, c’est humain, sincère, et chaud, là nous découvrons encore une nouvelle face de l’Amérique. Il est 10h, tout le monde prend place, tout le monde est beau (sauf nous), le moment est important. Après quelques paroles d’accueil et prières à la communauté, le choeur commence a chanter… Le Gospel a quelque chose de si puissant qu’il met tes poils debout et fait monter les larmes sans rien y comprendre. Nos émotions se brassent, à tous les 4 on se regarde émus par la beauté de ce que l’on vit. Nos voisins ajoutent en choeur « Yeah Men », d’autres crient, pleurent. La musique est exutoire.

Nous n’avons compris qu’une infime partie des paroles, mais 3h durant, nous avons ressenti tellement que cela nous suffisait pour comprendre. Le ton est optimiste, libre, résiliant, combatif, communautaire, il est emplis d’une foi qui ne porte pas seulement l’histoire d’un Dieu mais celui d’un peuple qui s’est émancipé. Donald Trump en prend pour son grade, les progrès individuels sont félicités en public, les morts sont pleurés ensemble, les nouveaux sont accueillis bras ouvert. Pour nous souhaiter la bienvenue, le groupe a chanté un magnifique Gospel, les gens sont venu nous saluer, une personne parlant un peu français a traduit le Pasteur sur quelques mots d’accueil, nombreux sont venus serrer la main aux filles. Juste incroyable… nous voulions découvrir incognito, nous avons vibré en communauté. Un moment inoubliable dans ce voyage. Encore une fois, les paysages sont superbes, mais alors les aventures humaines sont tellement plus…!

Written by Cécile