Baja California

La frontière de la Baja-California Sur se trouve juste après Guerrero Negro, nous changeons encore de fuseau horaire, à présent 9h nous sépare de la France. La Baja-California (nord) va maintenant nous mener droit sur les Etats-unis par le petit poste de frontière de Tecate en passant par la Bahia Los Angeles en mer de Cortez, la côte Pacifique et la route des vins.

Côté mer de Cortez : la Bahia Los Angeles, baie sous le vent

  • Ecocamping Archelon

La nuit difficile de la veille a fait ressentir le besoin de sieste à l’ombre et surtout de douche chaude après tant de jours sans eau douce. Une fois n’est pas coutume, nous irons nous poser dans l’éco-camping de la Bahia Los Angeles pour bien récupérer. Le palapa est si grand et si protecteur des vents que l’on s’y installe comme à la maison. Condition idéale pour se remettre d’aplomb et rejoindre les copains qui montent en notre direction. Une seule route traverse ce désert, c’était quasiment impossible de ne pas se revoir.

  • Playa La Gringa

Ensemble, nous testerons les meilleurs bivouacs « pieds dans l’eau » sur la pointe de la Gringa. Dauphins au réveil, myriade de mouettes et goélands à nos côtés, l’ambiance de la baja est réellement extraordinaire. Nous jouissons ici de nos meilleurs spots mexicains malgré un vent capricieux et intense qui balaye la baie en permanence. Ce vent venant du Pacifique ne nous aura pas épargné, et c’était devenu classique de chercher à lui faire obstacle avec le positionnement de nos véhicules.

La différence d’âge des enfants n’empêchent pas les jeux et explorations en tout genre. En grandissant pendant le voyage, Clémentine a gardé plaisir à s’amuser avec les tout petits. Elle aimera tout autant partir pêcher en kayak avec Mathieu, que jouer à cache-cache avec Paul et Louis. Pour Valentine, rien n’a changé elle reste la même joueuse !

A l’image d’un désert, les journées sont chaudes, le vent souffle en rafale, et les soirées sont fraiches à peine le soleil tombé. Notre dernier spot à la Gringa aura été celui du répit permettant de clôturer notre passage à la chaleur du feu.

Côté Pacifique : de San Quintin à Tecate

  • San Quintin

Sans surprise de retour sur l’océan, le froid est au rendez-vous depuis la plage de San Quintin. Pulls et pantalons sont portés par tous les mexicains habitués à des températures moins favorables que plus au Sud. L’hôtel de la Mision Santa Maria, face à la plage, nous accueille gracieusement le temps d’une nuit. Plan idéal pour disposer d’un espace intérieur au chaud et éviter ainsi de subir les affres d’un hiver imprévu pour nos corps habitués au soleil. Hôtel chic et clientèle américaine, on se sent déjà de l’autre côté de la frontière de plus en plus proche. Ce répit est favorable pour une paperasse dont nous ne ferons pas l’exception : les impôts !

La plage est magnifique, recouverte de petites dunes aux variances de sable noir et blanc et parsemée de coquillages caractéristiques présentant une rosace en son centre. Ils sont partout par centaines, pas difficile de les dénicher.

Au cours d’une nuit fraîche, nos sens seront réveillés par un curieux petit bruit. Après inspection intérieur et extérieur du van, plus de doute, un rongeur s’est invité dans le moteur. A la lumière de la frontale, Rodolphe parvient à dénicher deux petits souriceaux bien lovés sur une mousse isolante de la batterie transformés en nid. Mettre les petits dehors pour attirer la mère n’y fera rien. Chauffage dans le système d’aération et moteur allumé non plus. On se rendort, boule quies à l’appui, en espérant juste que la souris ne s’attaque pas au système électrique. Au lendemain matin, la bestiole est toujours là. En attendant de trouver une tapette à souris on l’emmène malgré nous vers les Amériques en laissant ses petits au Mexique…

  • La Ruta del Vino

Afin d’éviter l’une des plus grosses frontières terrestres au monde, nous prenons l’option d’une petite frontière voisine en empruntant la route des vins. En chemin, nous observons silencieux le travail d’une main d’oeuvre sous-payée dans des serres gigantesques qui nourrissent les supermarchés américains. Tout ce qui est produit ici est directement acheminé à la frontière, croisant en même temps le nombre considérable de migrants qui recherchent un eldorado.

Nous avons quant à nous une dernière nuit à célébrer en quittant le Mexique. Pays qui nous a totalement enchanté malgré ses dysfonctionnements coutumiers de tous.

Le hasard nous mènera sur les 8ha du domaine de Castillo Ferrer. Seule vinicola ouverte à 18h ! A peine arrivés, il nous ravit par ses arbres fruitiers et ses aménagements en bois. Les fleurs de pommiers, d’orangers, de mandariniers ou de citronniers embaument le domaine et les vins ravissent nos palais. Pour finir la dégustation, Evenado nous laissera dormir près de ses vignes et dans le courant de la soirée, il viendra nous chercher pour nous joindre à sa famille, échange précieux d’une dernière soirée que nous voulions mémorable.

Nous discuterons vignes et travail. Les faibles pluies d’hiver offrent des conditions de culture idéale pour la vigne, à elle seule elle occupe 85% de la production mexicaine, un bon chef d’équipe peut espérer 300 à 500€/mois.

Si près de la frontière nous pouvons parler du mur de Trump actuellement en cours. Pour eux, il ne servira à rien même si il faut réguler cette immigration dangereuse pour l’homme lui même. La majorité est issue de l’Amérique centrale et tous recherchent un improbable meilleur aux Etats-Unis. Ces clandestins meurent dans les trains de marchandise contrôlés par la mafia, séjournent en prison du mauvais côté de la frontière ou tombent simplement dans la misère.

Passage de frontière : retour aux States et adios Mexico !

Nous passerons la frontière avec Michelle et Robert, couple de retraité amoureux du voyage en Defender et présent en même temps que nous au poste de frontière côté Mexique. Autant il y a un grillage de 3m de haut sur des km de long qui coupe la ville de Tecate en deux, autant les agents d’immigration ne sont absolument pas regardant sur notre venue aux USA. Un passeport européen est un sésame facilitateur dans ce monde. Le passage Mexique / Etats-Unis aura été le passage de frontière le plus simple que nous ayons fait ! Aucune importation du véhicule à faire, 6$/personne, une adresse au pif à 20km d’ici et les voilà satisfait pour nous accorder de nouveau 3 mois de séjour à la conquête de l’Ouest. Heureusement qu’un ultime contrôle de police mexicaine nous aura fait vivre une dernière fois l’ambiance hors-cadre avant de retrouver la rigueur américaine. Le policier en question nous force à nous rabattre toute sirène hurlante. Nous sommes soi-disant à 110km/h au lieu des 60 réglementaire. Absolument impossible, nous lui tenons tête et proposons de discuter plutôt que de payer comme demandé. Une fois sur le bas côté, nous ne reverrons même pas le corrompu qui a préféré gagner son temps ailleurs. Ils vont nous manquer ceux là !

La Baja fût une excellente porte de sortie pour quitter pleinement le Mexique, intense et reposant à la fois. C’est un trésor de faune terrestre et marine. Les bains de mer font office de douches et permettent de s’auto-suffire sur des bivouacs exceptionnels.  L’heure est maintenant venue de conquérir l’ouest des Etats-Unis. Nous sommes parfaitement dans notre tempo et nous donnons 2 mois pour atteindre l’île de Vancouver au Canada. Les filles s’étaient mises à l’espagnol avec plaisir et facilité. Nous espérons qu’elles remettront la même volonté sur l’anglais ! L’adaptation sera certainement difficile, l’arrivée dans les grandes mégapoles américaines risque de bousculer… L’aventure va changer de goût !

Written by Cécile