Tout ce que vous avez toujours voulu savoir !

Beaucoup d’entre vous nous demandent « mais le quotidien ça se passe comment ? ». Le voyage inspire la liberté, l’aventure, la tranquillité… Mais il y a derrière tout ça une face cachée, personne n’en doute…

Un voyage en van dans 4m2 avec deux filles, l’une pré-ado et l’autre « inqualifiable »… c’est loin d’être facile tous les jours et nous allons en partager un bref aperçu via notre liste de nouvelles compétences !

Le top 11 des compétences du voyageur en van

 

Optimiser l’utilisation d’eau 

L’eau est une denrée rare même si aux USA et au Canada nous arrivons à remplir les réserves facilement et gratuitement. L’important est de toujours garder en tête de la stocker et de la valoriser. Dans le van, nous disposons d’un réservoir de 30L et 2 bidons de 15L et nous ne stockons aucune eau grise, cela évite les contraintes de dumping. En l’absence de toilette, c’est encore plus facile ! La vaisselle est faite à n’importe quel point d’eau croisé quand on peut économiser notre réserve, l’eau de cuisson des pâtes sert à dégraisser la poêle du bacon, on passe toujours par un nettoyage à sec avant tout chose, la technique de la « marche en avant » est maitrisée sur l’usage des lingettes (du visage vers la table, et pas le contraire)… bref, économiser l’eau devient un jeu où tout s’anticipe pour optimiser encore plus ! D’autant que pour la suite du voyage, il vaut mieux s’entrainer avant de ne plus disposer d’eau potable aussi facilement.

 

Recycler les déchets trouvés 

Pas besoin de trop charger les bagages ni d’acheter des jeux de plage, la planète est bien assez chargée d’objets en tout genre oubliés ou jetés n’importe où. A ce jeu là, Rodolphe excelle systématiquement. A chaque voyage, nous revenons avec nos souvenirs! Et pour celui-ci, nous avons déjà une nouvelle paire de tatane pour Clem, une pelle, un seau, des ballons, du shampoing, des serviettes, du liquide vaisselle, et j’en passe. En plus d’autres choses prévues, nous aurons matière à donner aux gamins que nous croiserons plus tard !

 

Performer à Tetris dans les rangements 

Nouvelle optimisation, celle du rangement. La contorsion et la patience sont des aptitudes hautement nécessaires au développement de cette compétence. Pour certains rangements, on fait appel à plusieurs sens à défaut de la vue. C’est mon jeu par excellence ! Tous les emballages sautent, les denrées sont stockées en boite, aucun sac non plus, chaque chose à sa place. C’est surtout important pour rendre chacun autonome et éviter d’entendre « Maman, elle sont où mes lunettes », « le tire-bouchon il a encore disparu ?? »,« il est où le PQ ? ». Prenons le papier toilette justement, pour éviter de stocker de la place inutile (lot vendu par 15 rouleaux), nous allons faire en sorte de ne jamais en acheter pour en trouver au gré des rencontres.

Question place pour les vêtements, nous avons opté pour la route du soleil afin d’en avoir le moins possible à stocker. Nous tenons sans lessive pendant 2 à 3 semaines, avec une bonne maîtrise familiale du slip retourné ! Mais alors quand c’est le jour du linge, c’est toujours une épopée ! A force, on s’améliore, et désormais nous avons comme tout bon RViste qui se respecte, un stock de quarters sur nous. Les machines fonctionnent aux pièces de 25cts, à raison de 2 à 5$ par lessive, ça fait toujours un joli tas de pièces. A défaut, l’absence de monnaie, crée toujours une occasion de discussion avec un plus doué que soi.

Créer des artefacts participe aussi à diminuer la place inutile. Un seau deviendra tantôt un aquarium, un moule à château de sable, une poubelle ou bien un urinoir. Un tupperware devient un récipient pour pâte à crêpes. On en a plein les tiroirs des idées de détournements de ce type !

 

S’engueuler sans fracas

Les situations électriques sont fréquentes en voyage. La fatigue, l’attente, l’envie, la frustration, la déception, la crainte… autant de contextes à ne pas sous-estimer et qui peuvent mettre les nerfs d’un couple à rude épreuve. Intégrer ces difficultés, facilite largement le chemin à venir pour toujours mieux les anticiper. Avec le temps, nous apprenons à mieux nous écouter, mieux nous comprendre, mieux nous décoder pour tirer le meilleur de nous et éviter les conflits. Ceci dit, il ne faut surtout pas les craindre, ils sont parfois inévitables !

Par contre, certains le sont tout de même. A commencer par ne pas demander à l’autre ce qu’il ne sait pas faire ! Sur ce point, nous avons parfaitement reparti deux rôles. Rodolphe est excellent pilote et moi bien meilleur au co-pilotage. Les rares fois où nous avons interverti les rôles, nous avons frisé la catastrophe !

L’harmonie passe aussi par des temps solo, Rodolphe prend le temps de relâcher en allant courir le matin ou pendant la classe. Moi, j’écris quand tout le monde dort ! Côté intimité, indispensable, nous battons le tempo sur la bande son de Charlie Chaplin, il arrive aussi de se faire le remake du petit Chaperon rouge dans les bois…

 

Apprivoiser le poil

L’absence de douche présente l’avantage d’éviter la queue à la salle de bain, cependant il demande un accoutumance à certains désagréments. Quand l’occasion d’une douche à la plage ou en marina ne se présente pas, nous allons à peu près 1 fois par semaine en camping. Seulement quand elle est payante à 1$ les 4 min, nous n’avons pas pour autant le temps de se chouchouter sous l’eau ! A défaut on vit très bien sans. Entre filles, on adore ces moments dans les toilettes publiques quand il faut faire un peu de place à ces dames entre notre sac de toilette et notre vaisselle sale qui dégraisse dans l’évier voisin !

C’est sans compter aussi sur l’hospitalité de toutes nos rencontres qui proposent toujours de mettre à disposition une salle de bain pour nous. Ca parait assez souvent inconcevable pour certains de nous voir vivre dans le van sans sanitaire…

 

Faire du lâcher prise son leitmotiv

Sans le mesurer, il était difficile pour chacun au début du voyage de trouver l’équilibre, en particulier pour les filles qui perdaient en autonomie à tout nous demander. Avec le recul, nous comprenons qu’il s’agissait là uniquement d’un manque de repères, d’un nouveau quotidien, d’un temps nécessaire à de nouvelles habitudes. Et nous étions sûrement trop impatients de ne pas intégrer cette étape incontournable. A lâcher-prise sur nos impatiences, nous avons trouvé naturellement un équilibre familial. Il a bien fallu un mois quand même. Après des débuts formatifs, les filles ont fini par gagner en autonomie et participent dorénavant de façon spontanée à tout ce qui fait notre quotidien.

Ne pas travailler et laisser nos collègues bosser à notre place, n’est pas si évident non plus. Pour ma part, le décrochage mental n’est pas encore acquis. Disons qu’il reste une pointe de culpabilité, en revanche ne pas avoir d’obligation ni de pression, là aucun souci, le lâcher prise est complètement acquis ! Mieux vaut ne pas penser à la reprise…

Côté inquiétudes, incertitudes, risques, le quotidien nous force à relâcher beaucoup de questions sans réponse. Le lâcher-prise devient encore une fois une nécessité pour avancer sereinement dans l’inconnu. L’apéro du soir et les réveils langoureux du matin y aident bien.

 

Digérer la journée plate

Dans un road trip, il y a parfois des journées « sans », celles où l’on ne fait rien de ce que l’on aurait voulu faire initialement. Nous avons adopté le terme de journée « plate », terme québécois parfaitement adapté à la situation. Il s’agit concrètement de la journée où l’on a le sentiment de ne pas avoir profité pleinement. Du genre : faire les courses, rechercher un médecin, galèrer pour un bivouac, rebrousser chemin par mauvais temps, un peu trop de route, recherche de gaz, d’essence, journée pluie, ou parfois mauvaise humeur… Aujourd’hui, nous avons appris que ces journées font pleinement partie du voyage et que la notion de profit n’existe plus. Le simple fait d’être ensemble apporte tout le plaisir souhaité, et quel bonheur de ne plus avoir l’impression de rater ces précieuses minutes qui transforment nos bébés en ados ! C’est d’autant plus savouré qu’avec l’arrivée de l’adolescence c’est vraiment un bon moment pour partir, l’itinérance aide réellement à relativiser et c’est vraiment un plus en pleine adolescence.

 

Dénicher du Diesel et du DEF

Dans les pays du tout essence, toutes les stations ne fournissent pas de diesel, et je ne parle pas de l’Adblue (DEF) ! Rodolphe a des antennes branchées en permanence. Il est aux aguets de ses jauges, s’assure de la proximité des stations, repère les points de vente et s’amuse à toutes ces conversions numériques en même temps (galons, miles, pieds, pouces, dollars). Par contre une fois trouvé, le diesel n’est vraiment pas cher, comptez 2$50 pour 1 galon. Je vous laisse convertir, nous avons notre dose !

Les deux fois où nous avons eu à remplir la réserve de propane, le volume semblait tellement ridicule que le remplissage nous était offert… Par contre, c’est difficile à trouver. 

 

Transformer le quotidien en salle de classe

Nous pensions bêtement avoir peu de difficultés sur le homeschool vu le plaisir et les bonnes aptitudes scolaire des filles. Mais c’était sous estimer la nuance de perception pour un enfant entre son enseignant et ses parents. Prendre un costume d’instit pour 2h ça ne marche pas, ils ne sont pas dupes et notre naturel reprend le galop. Pour les filles, négocier avec la maitresse ne se pense même pas, mais alors avec nous c’est monnaie courante. Autant Clementine se prend en main par sa propre motivation à être à la hauteur en 5ème l’année prochaine, que Valentine s’oublie complètement. Et faut préciser qu’en classe, il n’y a pas de fourmis mordeuses, de moustiques ou d’écureuils qui viennent perturber son cours. Sans une extrême patience couplée à un peu de pédagogie, il y a aurait du sang sur les murs. La classe n’est donc pas systématique et n’excède jamais les 2h.

Mis à part ce contexte, l’espace extérieur est bien trop exigu et nous contraint à travailler dehors. Le matin au p’tit dej, on discute des envies, du programme de la journée, des difficultés de la veille, et puis on avise. A défaut de travail sur table, le vécu et les échanges de la journée feront le reste. L’idéal reste les musées !! Depuis peu nous testons l’apprentissage par impression visuelle, les tables de multiplication sont épinglées sur nos appuis tête ! Clémentine se charge de faire réviser sa soeur… C’est un peu draconien voir comportementalisme, mais tout se tente avec Valentine ! Même la classe à la demande.

 

Développer son propre style de communication

Notre anglais est loin d’être « fluent ». Le mien ne décollait pas le niveau collège mais le contact est rendu si facile par la curiosité des gens qu’il n’y a plus qu’à se laisser porter sans complexe. En étant Français, c’est gagné d’emblée. L’image de la France est vraiment positive outre atlantique, elle attire et apparement elle nous colle à la peau. Même pas besoin de parler, on est flairé de suite! Et alors que nous pourrions voyager solo, nous cherchons désormais la difficulté en allant chez l’habitant quand le bivouac en milieu naturel n’est pas possible. Notre langage s’améliore par la pratique, l’expérience, et ce mode de voyage est un bon accélérateur social pour les filles. Les américains s’amusent à parler quelques mots de français, adorent l’entendre et tous sont très pédagogues vis à vis de nous, surtout des filles. Nous avons aussi installé sur nos téléphones l’application Duolingo qui leur permet un entraînement écrit, visuel et ludique en plus de la communication orale. Elles se préparent désormais avec l’espagnol !

Flairer le bon bivouac

Se réveiller dans un endroit de rêve demande de le trouver la veille ! Sortir des sentiers battus, se perdre à la nuit tombée, se faire refouler par le shérif, braver les interdits, dégoter le bon spot pour enfin se détendre devant un magnifique couché de soleil, ce n’est pas du repos à chaque coup, au risque de parfois échouer sur un parking.

Nos bivouacs sont bien souvent trouvés à l’entrée des parcs nationaux, fédéraux ou dans les forêts nationales ou sur la plage. Dans notre monde moderne, le voyageur connecté peut s’appuyer sur d’autres outils que son flair :

– L’application iOverlander alimentée par les voyageurs, propose de très bons points de chute quand on manque d’inspiration.

– Le site « Boondockers Welcome » permet de dormir sur les propriétés des habitants, bien souvent eux-mêmes camping-caristes. Les personnes sont hypers réactives et font toujours preuve de gentillesse et d’implication pour nous aider. Dans le Maryland, chez Rita, nous étions accueilli à table deux soirs de suite. Tous sont pleins de bons conseils sur les lieux à explorer et nous avons rencontré la perle dans le Texas. Des coups de coeur, qui donnent une autre dimension au voyage…

– Le site « Harvest Host » quant à lui offre un accueil à la ferme. A proximité des grandes villes, c’est le must pour se détendre après des visites chargées en journée. C’est aussi le moyen d’acheter des produits locaux et de remercier nos hôtes.

Sans flair, ni application, il y a aussi le hasard… celui qui fait les rencontres inoubliables, les amis d’amis, bref un monde peuplé de personnes qui ont grand plaisir à échanger, partager, accueillir. Nous étions loin d’imaginer une telle hospitalité sur notre route.

A chaque fois, les départs se terminent par des accolades et des photos ! Par contre, un détail et non des moindres, à dormir chez l’habitant (jardin ou ferme), nous devons apprendre à gérer nos vessies !! Avant chaque arrivée, nous prévoyons une halte dans une station ou des toilettes publiques, et le lendemain matin il faut patienter jusqu’au départ, le temps de s’arrêter à nouveau en chemin. Nous raffolons tout de même des petits pipis inévitables et cachés en pleine nuit.

Depuis quelques semaines, nous avons mis en place une feuille de route pour se donner une vue sur 10-15 jours. En fonction de l’itinéraire retenu et des impossibilités de bivouac nature, nous planifions les spots chez les locaux. Après, il ne reste plus qu’à profiter tout en ayant déjà anticipé le point de chute. On peut résumer ces mots derrière un seul : organisation ! Mais en toute souplesse, rien n’est figée… Non avions pensé quitter les USA le 8 novembre, et finalement nous y sommes toujours !

 

En gros, c’est facile de voyager en van au Canada et aux USA 😉

Mais nous allons tout de même confronter tout ça au Mexique puisque le changement risque bien d’être radical. Et oui, passage de frontière prévu vers le 13 novembre !

Written by Cécile